La langue bretonne

Le breton, une langue celtique

Le breton appartient à la famille des langues celtiques qui se décompose en deux groupes :

  • le celtique insulaire qui correspond aux langues parlées, à l’origine dans les îles brittaniques. Les langues celtiques parlées aujourd’hui appartiennent à ce groupe.
  • le celtique continental qui comprend les langues parlées par les populations celtophone du continent qui ont disparu progressivement entre le Ier siècle avant J.-C. et le VIIème siècle de notre ère, en ayant toutefois coexisté avec d’autres langues telles que le latin, le grec ou le germanique. Il s’agit du lépontique, du celtibère, du galate et du gaulois.

Le celtique insulaire primitif a évolué en deux directions, probablement autour du IVème siècle avant J.-C., qui ont donné naissance à deux branches :

  • D’un côté les langues gaéliques parmi lesquelles l’irlandais, le gaélique d’Ecosse et le mannois
  • De l’autre les langues britonniques dont font partie le gallois, le cornique et le breton.

Le breton a été en partie introduit en Armorique par des immigrants venus de la Bretagne insulaire dès le IIIème siècle de notre ère.

Histoire du breton

On distingue trois grandes périodes dans l’évolution du breton :
    •  Le vieux-breton, entre le VIIIème et le XIIème siècle, qui nous est parvenu au travers de cartulaires et de gloses dans des manuscrits écrits en latins. Cela représente environ 6 000 mots et tournures. Le texte le plus ancien est un fragment d’un traité de médecine bilingue breton-latin écrit dans la seconde moitié du VIIIème siècle.
    • Le moyen-breton, qui se situe entre le XIIème et le XVIIème siècle, nous est connu grâce au  dictionnaire trilingue breton-français-latin, le Catholicon écrit en 1499 par Jehan Lagadeuc, des “mystères” (Saint-Gwénolé, Sainte-Barbe…), le poème de Jehan Larcher Le mirouer de la mort (1519) et d’autres ouvrages religieux.
    • Le breton d’aujourd’hui (du XVIIIème siècle à aujourd’hui). Dès le XVIIème siècle, les linguistes et grammairiens se sont penchés sur l’orthographe du breton afin de normaliser son écriture. Plusieurs graphies ont été proposées au fil des siècles et trois d’entre elles, qui visent chacune à unifier les dialectes dans un système d’écriture, sont encore utilisées aujourd’hui :
      • le peurunvan dit “graphie unifiée” ou “KLTG” qui vise à faire une synthèse des quatre grands dialectes bretons Kerne, Leon, Treger, Gwened. C’est la graphie la plus employée aujourd’hui.
      • le skolveurieg dit “graphie universitaire” propose deux variantes phonologiques, une qui regroupe le KLT et l’autre pour le vannetais.
      • l’etrerannyezhel ou “l’interdialectal”, basée sur l’étymologie, propose d’unifier les parlers KLTG.

Pour aller plus loin sur l’histoire et les origines de la langue bretonne, consultez l’article d’Hervé Le Bihan, professeur de l’université Rennes 2 sur le site de Bretagne Culture Diversité.


Les dialectes

La langue bretonne n’est pas uniforme, elle connaît des variantes dans l’accentuation, les inflexions, le lexique en fonction des territoires où elle est parlée. La présence de ces aires dialectales n’exclut cependant pas l’existence d’une même langue bretonne, les dialectes contribuant à sa richesse.
Comme toute langue normalisée, enseignée, le breton est composé d’un tronc commun lexical et d’une grammaire normative qui n’exclut cependant pas les particularismes ou les tournures propres à une aire dialectale. Ne parle-t-on pas en France, selon sa région d’habitation, de wassingue, toile, loque ou encore serpillière pour parler de ce carré de tissu gaufré qu’on utilise pour laver les sols ?
 
Dans son livre Pleins feux sur la langue bretonne, Hervé Abalain explique que “Les différences dialectales relevées par les voyageurs des XVIIIème-XIXème siècles sont souvent à l’origine de généralisations surprenantes qui laissent entendre qu’il y a presque autant de dialectes que de villages. Il convient ici de dissiper un malentendu, et de ne point commettre l’erreur de ceux qui, prenant prétexte du fait que l’Atlas linguistique de la basse Bretagne de Pierre le Roux a été établi à partir de 77 points d’enquête, concluaient bien abusivement, et en toute mauvaise fois, que le breton comprenait 77 dialectes, La réalité est toute autre, même s’il existe des différences, parfois imperceptibles à un non-averti, de tel village à tel autre ou de telle région à telle autre”.

Quatre dialectes principaux sont identifiés  :
  • le léonard parlé dans le nord du Finistère.
  • le trégorrois parlé dans le nord-est du Finistère et le nord-ouest des Côtes d’Armor, qui inclut le goëlo qui présente des variantes
  • le cornouaillais parlé dans les deux-tiers sud du Finistère, le sud-ouest des Côtes d’Armor et dans une petite partie du Morbihan.
  • le vannetais parlé dans la majeure partie du Morbihan brittophone, se différencie des autres dialectes par des traits phonétiques et lexicaux qui lui sont propres.