La langue gallèse
Le Gallo, une langue ? un dialecte ? un parler ? un patois ?
Le gallo est une langue ou un dialecte d’Oil ou du bas roman (comme le français ou le wallon mais plus tard). Quant au mot « patois », il est à bannir du langage courant tant il est dépréciatif. D’ailleurs, cette injure n’est pas traduisible en breton, en anglais ou en allemand car ces langues n’ont pas développées de complexe de supériorité comme le français qui par le mot « patois » désigne une sous langue, un sous peuple.
Ce terme n’est pas accepté en linguistique car il ne correspond à aucune réalité scientifique mais à une idéologie. Les linguistes parlent de langue, de dialecte, de sous-dialecte voir de « parler » pour les très petites échelles (une ile, une communauté restreinte …)
1762 le dictionnaire de l’Académie française le définit ainsi ; « Langage rustique, grossier, comme est celui d’un paysan, ou du bas peuple. »
Extrait d’entretiens de Jean-Jacque Monnier et Olivier Caillebot.
Une bonne partie de la Bretagne rurale parlait le gallo. Depuis le haut-moyen-age, la langue gauloise a disparue tout en laissant des traces dans les langues parlées. Une partie des bretons s’expriment en breton et une autre partie s’expriment en gallo et le gallo est un langue Romane particulière à la partie orientale de la Bretagne. Dès le 15ème siècle, des textes officiels qui émanent de la chancellerie de Bretagne et évoquent la Bretagne Gallou.
D’où vient le gallo ?
Du 5ème au 11ème siècle, la Bretagne orientale parle la gallo roman d’Armorique qui est issu du latin et du vieux celtique armoricain. Il était proche mais différent de la langue d’Oc et il a transmis au breton des mots tout en cohabitant avec lui du 5ème au 11ème siecle.
Le gallo est une langue d’Oil qui est née vers le 11ème siècle, de l’importation de langue d’oil de NEUSTRIE à partir du règne d’Alain BARBETOTE et surtout avec la participation de Bretons qui ont été conquérir la Grande-Bretagne avec Guillaume le Conquérant (40% de l’armée était bretonne). A cette époque, le gallo est tres proche du bas Normand qui est devenu par la suite l’anglo normand. A la même époque, le Poitou est passé de la langue d’Oc a langue d’Oil, donc on voit tout ce monde linguistique de France et d’europe occidentale qui bouge peu à peu.
Le gallo est-il du français déformé ?
Le gallo n’est pas du français déformé car il est bien plus ancien que le français. Il est venu du latin comme les autres dialectes d’Oil sans passer par le français. On pourrait l’appeler Britto-Roman.
Par exemple en gallo eau se dit: «iao» ou «ève» , qui vient directement du latin aqua.
L’originalité du gallo a été beaucoup plus difficile à faire reconnaitre que le breton. Pendant longtemps on l’a considéré comme du patois ou du français déformé alors que le français, lui, vient du Roman de Touraine avec un mélange de l’argot des halles de Paris! Il n’y a rien à avoir entre les deux !
Depuis quand le gallo est-il reconnu comme un parler à part entière ?
Ceux qui parlent le gallo ont été très longtemps méprisés, considérés comme des ignorants. Comme le breton, le gallo était combattu à l’école publique comme à l’école privée. Ce n’est qu’en 1983 que le gallo a été reconnu par l’éducation nationale avec la création d’une option au baccalauréat. Vers la fin du 19eme siècle, quelques linguistes, folkloristes s’étaient intéressé au gallo Féval, Sébillot ou encore Dagnet.
Après une tentative entre les deux guerres, un mouvement pour le gallo s’est organisé dans les années 70 avec une association qui c appelé les «amis du gallo» qui est devenue par la suite Bertaeyn Galeizz.
Pourquoi parle-t -on si peu le gallo alors ?
Ceux qui parlent le gallo ont longtemps eu honte de leur langue contrairement au wallon ou au québecois, les autres ont eu tendance a considérer le gallo comme une simple variante du français ce qu’il n’est pas. Le gallo comme on l’a vu a fortement influencé le breton et le breton a fortement influencé le gallo. Nombres de mots sont passé d’une langue à l’autre (Hachae/ Huchal, Chat des boé/kazh-koed…) A part récemment, nous avons eu très peu d’écrit en gallo, les gens des milieux instruits étaient bilingues et pouvait s’exprimer en français.
Au 21ème siècle, que se fait il en gallo encore ?
Jusqu’à présent la langue gallèse est resté cantonnée à la culture orale: Vie familiale et quotidienne, contes, chants, proverbes, histoires… elle est surtout présente dans le monde rurale et les petites villes. Des conteurs comme Albert Poulain l’on fait connaitre à un plus large publique par exemple.
Aujourd’hui, ou peut-on entendre parler gallo ?
Aujourd’hui, tout le monde sait parler français donc il est plus difficile de repérer les gens qui peuvent s’exprimer en gallo d’autant qu’ils le font souvent dans leur sphère de proximité. Néanmoins, il y a un peu de gallo à la radio il y en a dans les fêtes et si on écoute bien, il y a des gens qui parlent gallo entre eux le problème est qu’ils le font très peu en publique.(…) Il y a beaucoup de gallesants en basse bretagne aussi, donc un peu partout autour de nous, il y a des gens qui parlent gallo.
Quel est l’intérêt du gallo ?
La gallo s’est appauvri sous l’influence du français par rapport au siècle dernier. Il a perdu une partie de son vocabulaire et de ses intonations; par contre il conserve toujours une phonétique extremement originale et un vocabulaire riche. Il fait parti comme le breton du patrimoine des bretons. Il fût longtemps nié et opprimé mais est aujourd’hui en cours de ré-apropriation donc quand on s’intéresse au breton, au s’intéresse au gallo (Rajout: et vice-versa).”
Le nombre de locuteurs de langue gallèse est aujourd’hui estimé à 200 000 personnes, un nombre équivalent aux locuteurs de langue bretonne. Pour en savoir plus sur l’histoire de la langue et ses usages, vous pouvez consulter le site de l’Institut du Galo.
En pays de Saint-Brieuc, les occasions d’entendre et d’apprendre le galo sont nombreuses : vêprées, veillées, représentations théâtrales, lectures publiques, stages, émissions de radios…