La langue gallèse

Qu’est-ce que le gallo ?

Le gallo ou langue gallèse est la langue romane de Haute Bretagne.  C’est une langue d’oïl issue du latin populaire (parlers romans d’une moitié Nord de la France), comme le normand, l’angevin ou le poitevin.

Le gallo a longtemps été méprisé et désigné par le terme péjoratif « patois » qui n’est pas utilisé en linguistique car il véhicule l’idée d’une hiérarchie implicite entre les langues, sous-entendu celles dignes d’être appelées ainsi et les « parlers locaux » qui ne mériteraient pas cette appellation. Les linguistes parlent plutôt de « langues » et de « dialectes »  (variétés locales de ces langues).
Le terme « gallo » vient du breton gall, qui désigne l’étranger, celui qui ne parle pas la langue bretonne.

Le gallo et le breton co-existent depuis le Moyen-Âge en Bretagne historique. L’existence du gallo est attestée depuis les XIIe-XIIIe siècles dans le breton parlé jusqu’aux portes de Rennes et de Nantes, vers le IXème siècle, a progressivement reflué vers l’ouest dans les siècles qui suivirent et l’influence de la langue gallèse en Haute Bretagne s’est étendue. Jusqu’au XIXème siècle, le gallo reste une langue de tradition orale, dans une société fortement rurale. Il commencera à être collecté par les folkloristes vers cette période et à s’écrire dans les journaux. Il sera, toutefois très fortement stigmatisé à l’école où seul le français sera autorisé.

Le gallo aujourd’hui

Aujourd’hui, la langue gallèse est parlée en Ille et Vilaine, dans la partie orientale des Côtes d’Amor et du Morbihan, ainsi qu’en Loire-Atlantique, selon une ligne fictive qui relierait Plouha à la Presqu’île de Rhuys. Cette « frontière linguistique » a évolué avec le temps, ce qui explique qu’il reste des îlots où la langue bretonne reste vivante en Haute Bretagne.

 

Le Conseil Régional de Bretagne reconnaît le gallo comme langue de Bretagne, au même titre que le breton, en 2004. C’est la première collectivité à mettre en place une politique linguistique qui se voit renforcée en 2012 avec un plan volontariste en faveur de la transmission et du développement de nos langues régionales.  

L’Institut du Galo est ainsi créé en 2017 de la volonté des acteurs associatifs du territoire et de la Région Bretagne. Il instaure la charte de promotion de la langue gallèse « Du Galo, Dam Yan Dam Vèr » qui a pour objectif de mettre en œuvre des actions en faveur de la langue, de son usage et de sa visibilité dans la vie quotidienne des bretons et des bretonnes. Elle s’adresse aux collectivités territoriales ainsi qu’aux associations et aux entreprises

Le Conseil Régional commande en 2024 une enquête auprès de l’institut TMO Région sur l’usage du breton et du gallo en Bretagne. Celle-ci nous apprend que le nombre de locuteurs de langue gallèse est aujourd’hui estimé à près de 132 000 personnes, soit 3,3 % de la population. 

Près d’1 habitant breton sur 10 entend parler gallo autour de lui, principalement en Haute Bretagne.

46% des enquêtés connaissant le gallo sont favorables à plus d’enseignement du gallo dans les écoles (contre 40% en 2018, soit une progression de +6 points) et 49%, quasiment la moitié, sont favorables à la création d’une chaîne de télé ou de radio en gallo, ce qui montre le fort attachement des bretons et des bretonnes à la transmission de la langue gallèse.

Le gallo est classé depuis 2009 par l’Unesco comme « langue sérieusement en danger ».Sa survie et son développement sont fortement liés au travail de collectage (écrit et oral) et de transmission (enseignement, média, spectacle). De nombreux acteurs associatifs œuvrent à  promouvoir, faire connaitre et faire vivre la langue gallèse, parmi lesquels, l’association Qerouézée le galo en Côtes d’Ahaot, le CAC Sud 22, Chubri, la Granjagoul…

En pays de Saint-Brieuc, les occasions d’entendre et d’apprendre le galo  sont nombreuses
: vêprées, veillées, représentations théâtrales, lectures publiques, stages ou encore émissions de radios…